Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/323

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le rapport du talent, était l’objet de l’admiration générale, n’ait pas été aussi grand dans les autres situations de la vie. Mozart ne se distinguait ni par une figure prévenante ni par un corps bien fait, quoique son père et sa mère eussent été cités à cause de leur beauté.

Cabanis nous dit :

« Il paraît que la sensibilité se comporte à la manière d’un fluide dont la quantité totale est déterminée, et qui, toutes les fois qu’il se jette en plus grande abondance dans un de ses canaux, diminue proportionnellement dans les autres. »

Mozart ne prit point avec l’âge l’accroissement ordinaire : il eut toute sa vie une santé faible ; il était maigre, pâle et quoique la forme de son visage fût extraordinaire, sa physionomie n’avait rien de frappant que son extrême mobilité. L’air de son visage changeait à chaque instant, mais n’indiquait autre chose que la peine ou le plaisir qu’il éprouvait dans le moment. On remarquait chez lui une manie qui ordinairement est un signe de stupidité : son corps était dans un mouvement perpétuel ; il jouait sans cesse avec les mains, ou du pied frappait la terre. Du reste, rien d’extraordinaire dans ses habitudes, sinon son amour passionné pour le billard. Il en avait un