Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/337

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accepté les propositions du roi de Prusse : « J’aime à vivre à Vienne, répliqua Mozart ; l’empereur me chérit, je me soucie peu de l’argent. »

Des tracasseries qu’on lui avait suscitées à la cour le portèrent cependant à demander sa démission à Joseph ; mais un mot de ce prince, qui aimait ce compositeur, et surtout sa musique, le fit sur-le-champ changer de résolution. Il n’eut pas l’habileté de profiter de ce moment favorable pour demander un traitement fixe ; mais l’empereur eut enfin de lui-même l’idée de régler son sort ; malheureusement il consulta sur ce qu’il était convenable de faire un homme qui n’était pas des amis de Mozart, et qui proposa huit cents florins (un peu moins de deux mille deux cents francs). Jamais Mozart n’eut un traitement plus considérable. Il le touchait comme compositeur de la chambre, mais il ne fit jamais rien en cette qualité. On lui demanda une fois, en vertu d’un de ces ordres généraux du gouvernement, fréquents à Vienne, l’état des traitements qu’il recevait de la cour. Il écrivit, dans un billet cacheté : « Trop pour ce que j’ai fait, trop peu pour ce que j’aurais pu faire. »

Les marchands de musique, les directeurs de théâtre et autres gens à argent abusaient tous les jours de son désintéressement