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LETTRES
SUR MÉTASTASE

LETTRE I

Varèse, le 24 octobre 1812.

Mon ami,


Le commun des hommes méprise facilement la grâce. C’est le propre des âmes vulgaires de n’estimer que ce qu’elles craignent un peu. De là, dans le monde, l’universalité de la gloire militaire, et, au théâtre, la préférence pour le genre tragique. Il faut à ces gens-là, en littérature, l’apparence de la difficulté vaincue ; et voilà pourquoi Métastase jouit de peu de réputation, si on compare cette réputation à son mérite. Tout le monde comprend, au Musée, le Martyre de saint Pierre par le Titien ; peu sentent le saint Jérôme du Corrège : ils ont besoin qu’on leur apprenne que cette beauté, si pleine de