Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/393

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quefois pleine de sentiment, de l’aimable Marivaux. Je citerais toute la Servante maîtresse de Pergolèse, si elle était connue à Paris ; mais, puisque je ne puis rappeler cette musique délicieuse, qu’il me soit permis de citer un des hommes les plus aimables qu’ait produits notre France. M. le président de Brosses[1], se trouvant à Bologne en 1740, écrivait à un de ses amis de Dijon une lettre où se trouve ce passage, qu’il ne croyait certainement pas devoir jamais être imprimé :

« Mais l’un des premiers et des plus essentiels de tous ses devoirs (du cardinal Lambertini, archevêque de Bologne, depuis pape sous le nom de Benoît XIV) est d’aller trois fois la semaine à l’Opéra. Ce n’est pas ici qu’est cet Opéra ; vraiment personne n’irait, cela serait trop bourgeois : mais, comme il est dans un village à quatre lieues de Bologne, il est du bon ordre d’y être exact. Dieu sait si les petits-maîtres ou petites-maîtresses manquent de mettre quatre chevaux de poste à une berline, et d’y voler de toutes les villes voisines, comme à un rendez-vous ! C’est

  1. L’édition originale portait de Berville, l’erratum de 1817 rétablit de Brosses et l’exemplaire Mirbeau porte cette note : « Je mis Berville au lieu de de Brosses pour ne pas choquer un petit maître des requêtes, fils de cet homme d’esprit, qui ne veut pas publier son voyage en Italie. Le manuscrit fut volé dans la Terreur. » N. D. L. E.