Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/406

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la manière est absolument différente de celle de Métastase, mais je ne pense pas que la postérité trouve que le mérite soit supérieur. On songe trop au style en lisant Alfieri. Le style, qui, comme un vernis transparent, doit recouvrir les couleurs, les rendre plus brillantes, mais non les altérer, dans Alfieri usurpe une part de l’attention.

Qui songe au style en lisant Métastase ? On se laisse entraîner. C’est le seul style étranger qui m’ait reproduit le charme de la Fontaine.

La cour de Vienne n’a pas eu, pendant cinquante ans, un jour de naissance ou un mariage à célébrer, qu’on n’ait demandé une cantate à Métastase. Quel sujet plus aride ! Parmi nous, on n’exige du poëte que de n’être pas détestable : Métastase y est divin ; l’abondance naît du sein de la stérilité.

Remarquez, mon ami, que, par ses opéras, Métastase a charmé, non pas l’Italie seulement, mais tout ce qu’il y a de spirituel dans toutes les cours de l’Europe, et cela en observant fidèlement les petites règles commodes que voici :

Il faut, dans chaque drame, six personnages, tous amoureux, pour que le musicien puisse avoir des contrastes. Le primo soprano, la prima donna et le ténor, les trois principaux acteurs de l’opéra, doivent