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LETTRE

sur l’état actuel de la musique en italie.
Venise, 29 août 1814.


Vous vous souvenez donc encore, mon ami, des lettres que je vous écrivais de Vienne, il y a six ans. Vous voulez que je vous donne une esquisse de l’état actuel de la musique en Italie. Mes idées ont bien changé de cours depuis cette époque. Je suis aujourd’hui plus riche, plus heureux qu’à Vienne, et les moments que je ne donne pas à la société sont entièrement consacrés à l’histoire de la peinture.

Vous savez quelle a été ma joie lorsqu’on m’a rendu un revenu suffisant juste au nécessaire. Il paraît que j’avais été trompé par mon ambition ; car, sur ce prétendu nécessaire, je trouve tous les jours de quoi acheter de bons petits tableaux, que les grands faiseurs de collections ont négligés, ou plutôt n’ont pas reconnus. J’ai vu, il y a quelques jours, à la Riva dei schiavoni, chez un capitaine de vaisseau, le plus poli des hommes, de