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Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/417

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abbé, y monterait avec eux ; on leur saurait beaucoup plus de gré d’un joli tableau que d’une repartie aimable. Voilà l’atmosphère qu’il faut à l’artiste ; car l’artiste aussi, comme un autre homme, a ses moments de découragement.

Une des conversations les plus intéressantes pour moi, dans une ville où j’arrive, est celle que j’établis avec le sellier qui me loue la voiture dans laquelle je vais rendre mes lettres de recommandation. Je lui demande quelles sont les curiosités à voir, quels sont les plus grands seigneurs du pays ; il me répond en me disant un peu de mal des collecteurs des impôts indirects ; mais, après ce tribut payé au rang qu’il occupe dans la société, il m’indique fort bien où se trouve le courant actuel de l’opinion publique.

Lorsque je suis rentré à Paris, vous aviez encore votre charmante madame Barilli : Dieu sait si le maître de mon bel hôtel garni de la rue Cérutt m’en a dit le moindre mot ; à peine s’il connaît de nom mademoiselle Mars et Fleury. Arrivez à Florence, chez Schneider, le moindre marmiton va vous dire : « Davide le fils est arrivé il y a trois jours ; il va chanter avec les Monbelli, l’Opéra fera furore ; tout le monde arrive à Florence pour le voir. »

Vous serez bien scandalisé, mon cher