Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/437

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Genève, qui n’est pas le quart de Lyon, et où, malgré un peu de pédantisme dans les manières, les étrangers s’arrêtent beaucoup plus, et avec raison, devrait être un exemple pour Lyon. En Italie, rien de plus différent, et souvent de plus opposé, que des villes situées à trente lieues l’une de l’autre. Madame Gaforini, si aimée à Milan, fut presque sifflée à Turin.

Pour juger de l’état de la musique en France et en Italie, il ne faut pas comparer Paris à Rome ; on se tromperait encore en faveur de notre chère patrie. Il faut considérer qu’en Italie des villes de quatre mille âmes, comme Créma et Como, que je cite entre cent, ont de beaux théâtres, et de temps en temps d’excellents chanteurs. L’année dernière on allait de Milan entendre les petites Monbelli à Como ; c’est comme si de Paris on allait au spectacle à Melun ou à Beauvais. Ce sont des mœurs tout à fait différentes ; on se croit à mille lieues.

Dans les plus grandes villes de France on ne trouve que le chant aigre du petit opéra-comique français. Un opéra réussit-il à Feydeau, deux mois après on est sûr de le voir applaudir à Lyon. Quand les gens riches d’une ville de cent mille âmes, située à la porte de l’Italie, auront-ils l’idée d’appeler un compositeur, et