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connus hors de France, et ne survécurent pas au quinzième siècle. Enfin, Viadana[1] ayant inventé la basse continue, et la musique faisant tous les jours des progrès en Italie, les violons, nommés alors violes, chassèrent peu à peu tous les autres instruments ; et vers le milieu du dix-septième siècle les orchestres prirent la composition que nous leur voyons aujourd’hui.

Sans doute à cette époque les âmes les plus faites pour la musique n’imaginaient même pas, dans leurs rêveries les plus douces, une réunion telle que l’admirable orchestre de l’Odéon, formé d’un si grand nombre d’instruments, tous donnant des sons gradués d’une manière si flatteuse pour l’oreille, et joués avec un ensemble si parfait. La plus belle ouverture de Lulli, telle que l’entendait Louis XIV au milieu de sa cour, vous ferait fuir à l’autre bout de Paris. Ceci me rappelle quelques compositeurs allemands et français qui ont voulu, de nos jours, nous donner le même genre de plaisir à coups de timbales ; mais ce n’est plus la faute de l’orchestre. Chacun des musiciens qui composent celui de l’Opéra, pris à part, joue fort bien :

  1. Né à Lodi, dans le Milanais ; il était maître de chapelle à Mantoue en 1644.