Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cent ans : l’allegro, par exemple, n’était qu’un andantino.

Dans la musique instrumentale, Haydn a révolutionné les détails comme les masses : c’est lui qui a forcé les instruments à vent à exécuter le pianissimo.

C’est à vingt ans qu’il donna son premier quatuor en b fa à sextuple, que tous les amateurs de musique apprirent sur-le-champ par cœur. Je n’ai pas su pourquoi Haydn quitta vers ce temps-là la maison de son ami Keller : ce qu’il y a de sûr, c’est que sa réputation, naissant sous les plus brillants auspices, n’avait point chassé la pauvreté. Il alla loger chez un M. Martinez, qui lui offrit la table et le logement, à condition qu’il donnerait des leçons de piano et de chant à ses deux filles. Ce fut alors qu’une même maison, située près de l’église de Saint-Michel, posséda, dans deux chambres situées l’une au-dessus de l’autre, aux troisième et quatrième étages, le premier poëte du siècle et le premier symphoniste du monde.

Métastase logeait aussi chez M. Martinez : mais, poëte de l’empereur Charles VI, il vivait dans l’aisance, tandis que le pauvre Haydn passait les journées d’hiver au lit, faute de bois. La société du poëte romain lui fut cependant d’un grand avantage. Une sensibilité douce et profonde