Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/85

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entre le ténor et la basse, est fort agréable. C’était l’instrument favori du prince, qui en jouait tous les jours, et tous les jours voulait avoir, sur son pupitre, une pièce nouvelle. La plus grande partie de ce que Haydn avait fait pour le baryton a péri dans un incendie ; le reste n’est d’aucun usage. Il disait souvent que la nécessité de composer pour cet instrument singulier avait beaucoup ajouté à son instruction.

Avant de détailler les autres ouvrages de Haydn, je vous dois quelques mots sur un événement qui troubla pendant longtemps la tranquillité de sa vie. Il n’oublia point, dès qu’il eut de quoi vivre, la promesse qu’il avait faite autrefois à son ami Keller le perruquier ; il épousa Anne Keller, sa fille. Il se trouva que c’était une honesta, qui, outre sa vertu incommode, avait encore la manie des prêtres et des moines. La maison de notre pauvre compositeur en était toujours remplie. L’éclat, d’une conversation bruyante l’empêchait de travailler ; et, en outre, sous peine d’avoir des scènes avec sa femme, il fallait fournir, gratis, de messes et de motets, les couvents de chacun de ces bons pères.

Des corvées imposées par des scènes continuelles sont le contraire de ce qu’il faut aux hommes qui ne travaillent qu’en