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modérée, mais cependant elle domine toujours. Quelquefois, dans les andante et les adagio, l’auteur se laisse tout à coup emporter à la force et à l’abondance de ses idées. Cette folie, cet excès de vigueur anime, réjouit, entraîne toute la composition, mais n’en exclut pas la passion et le sentiment.

Quelques-uns des andante et des allegro de Haydn semblent ne pas avoir de thème. On serait tenté de croire que les musiciens ont commencé par le milieu de leur cahier ; mais peu à peu l’âme du véritable amateur s’aperçoit, à ses sensations, que le compositeur a eu un but et un plan.

Ses menuets, pures émanations du génie, si riches d’harmonie, d’idées, de beautés accumulées dans un petit espace, suffiraient à un homme ordinaire pour faire une sonate. C’est dans ce sens que Mozart disait de nos opéras-comiques, que tout homme qui se portait bien devait faire tous les jours un opéra comme cela avant déjeuner. Les secondes parties des menuets de Haydn, ordinairement comiques, sont ravissantes d’originalité.

En général, le caractère de la musique instrumentale de notre compositeur est d’être pleine d’une imagination romantique. C’est en vain qu’on y chercherait la mesure racinienne ; c’est plutôt l’Arioste