Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/98

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Notre jeune homme des îles Borromées ne voyait rien d’infiniment réjouissant à rencontrer à une table d’hôte deux Français bien élevés : il était poli ; nous, nous l’aurions voulu amusant.

De manière qu’en Italie, les actions dépendant davantage de ce qu’éprouve l’homme qui agit, quand cette âme est commune, l’Italien est le plus triste compagnon du monde. J’en portais un jour mes plaintes à l’aimable baron W… « Que voulez-vous, me dit-il, nous sommes, à votre égard, comme les melons d’Italie comparés à ceux de France : chez vous, achetez-les sans crainte sur la place, ils sont tous passables ; chez nous, vous en ouvrez vingt exécrables, mais le vingt et unième est divin. »

La conduite des Italiens, presque toujours fondée sur ce que sent leur âme, explique bien leur amour pour la musique, qui, en nous donnant des regrets, soulage la mélancolie, et qu’un homme vif et sanguin, comme sont les trois quarts des Français, ne peut aimer de passion, puisqu’elle ne le soulage de rien, et ne lui donne habituellement aucune jouissance vive.

Que dites-vous de ma philosophie ? Elle a le malheur d’être assez conforme à la théorie des philosophes français