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senterai la seconde aux Bordelais. Si absolument ils ne veulent pas s’en contenter, je maintiendrai la première. »

Gourville, de retour à Bordeaux, trouva que le peuple ne voulait plus entendre parler de guerre, à quelque prix que ce fût. Ainsi Duretête fut pris et exécuté. Voici les paroles du bénédictin, historien de la ville, mais payé par la municipalité, et non par la cour et ne songeant pas à l’Académie :

« Ce misérable avait fait d’abord le métier de boucher et ensuite celui de solliciteur de procès. Son esprit audacieux l’avait rendu plus puissant dans Bordeaux que le prince de Conti lui-même. Naturellement généreux, il ne mit point à profit les voies que la fortune lui présentait pour s’enrichir. Le peuple, qui naguère adorait toutes ses volontés et qui avait exécuté tous ses ordres à la lettre pendant une année entière, le vit tranquillement mener au supplice. Il poussa même son ingratitude et son inconstance au point d’insulter à son malheur. On dit que Duretête fut plus sensible à ce trait qu’aux vives douleurs qu’il ressentit dans ses derniers instants. »