Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/188

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côté de son avenue, un bouquet d’arbres d’un demi-arpent ou d’un arpent ; par malheur ces arbres sont des ormeaux de 30 ou 35 pieds de hauteur, à peine verts en ce moment.

Le seul marronnier que j’ai vu de Bayonne ici était magnifique et tout en fleurs. Il y a beaucoup de platanes souvent mutilés pour les réduire à la forme de parasols, laquelle procure une ombre bien serrée, comme à Nyon ou à Rolle sur les bords du lac de Genève. Gaîté d’une jeune Béarnaise qui est descendue dans l’intérieur de la voiture.

— Êtes-vous commissaire de police, vous ? dit-elle au négociant.

— Elle ne tient pas les yeux dans sa poche, me dit-il.

Nous avons passé l’Adour à la nuit noire. On a remis un paquet de poisson au conducteur. J’entends assez le patois ; je vois ce dont on parle, mais uniquement par l’italien, comme j’entends l’espagnol, et nullement par le français. Cette nuit-là, la paysanne qui remettait le poisson répétait souvent le mot français : oui, oui.

À Peyrehorade, qui me rappelait la Vénus d’Ille de M. M[érimée], le négociant de Revel et moi, nous avons bu de la bière tout en admirant l’âpreté d’un autre négociant, auquel cette pauvre concasseuse