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sont des douanes. La halle de Pau a pour elle la masse. Avec 10.000 francs de plus, on placerait une colonnade formant promenade couverte devant la façade.

L’église, fort mesquine, a trois nefs et des arcades en pointes. J’y ai lu force épitaphes en français et remplies de fautes d’orthographe. Elles sont de 1630 ou 40. Ce sont des avocats au Parlement de Pau, dont les héritiers écrivent Parlemant avec un a. Extrême ridicule de l’orthographe de l’Académie française ; bon sens de l’Académie espagnole qui tend sans cesse à peindre la prononciation par l’orthographe.

Je parcours la rue Bonaparte ; on a mal effacé ce grand nom pour mettre rue Royale, rue Phœbus, rue d’Henri IV ; à la bonne heure ! Mais qu’est-ce que la royauté pour Pau comme pour Grenoble et pour Aix-en-Provence ? L’anéantissement de son existence individuelle. Si Henri IV eût été réduit à régner à Pau, ce grand homme n’eût pas commencé la vraie politique de la France, continuée par Richelieu, mais enfin Pau serait autre chose qu’une ville de troisième ou quatrième ordre.

J’oubliais mon indignation, en sortant ce matin et voyant la place Royale qui, de la grande rue de Pau qui occupe le sommet de la colline étroite, ouvre au midi sur la vallée du gave, et, au delà,