Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/22

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gence s’est arrêtée presque vis-à-vis le théâtre, sur la magnifique place nommée les Allées de Tourny. Un commissionnaire s’est chargé de mes effets et je suis arrivé chez M. Baron, à l’Hôtel de France, tellement accablé de fatigue que je craignais d’avoir oublié la moitié de mes effets à la diligence. C’est un malheur qui m’arrive souvent. J’ai une belle et bonne chambre, étroite et haute, avec une fenêtre, n° 21 A. Je dors jusqu’à une heure après-midi. Je trouve qu’il a plu. Je vais déjeuner à deux heures au Café du Théâtre. Pas d’autres journaux que ceux de jeudi ; en effet, je suis venu en 71 heures ¾. La malle ne met que 43 heures, dit-on, mais elle est partie de Paris vendredi, 25 heures après moi.

Beauté supérieure du magnifique quai de la Garonne que j’ai trouvé encore supérieur à l’idée qui m’en était restée. J’ai eu bien des idées en revoyant Bordeaux, que je n’avais fait qu’entrevoir en 1828, mais je suis trop fatigué pour les écrire. Il est dix heures du soir (toujours dimanche), je sors de la Juive. Principal rôle pas mal chanté par Mme Pouilley qui, à défaut de beauté, possède une belle voix point aigre. J’ai trouvé un assez bon dîner et assez bonne compagnie à l’hôtel où je vais loger ; mais ce dîner, qui commence à