Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle-même est plantée de petits arbres membrés bas, et affectant un peu trop la forme du chou ; ils n’ont point encore de feuilles, tandis que quelques marronniers placés autour d’un bassin sont couverts de fleurs et charmants.

Il faudrait enlever deux ou trois pieds de terre du centre de cette esplanade pour que le public pût jouir des manœuvres, courses, etc. ; mais peut-être le génie qui s’ennuie en province et tyrannise les pauvres villes de l’intérieur, s’y opposerait vivement.

Je suis entré au Musée Fabre qui donne sur l’esplanade et termine la ville de ce côté. J’ai entrevu jadis ce personnage gascon chez Mme la comtesse d’Albany à Florence. L’on disait que sa présence là avait fait mourir de chagrin le sombre Alfieri. Alfieri était né pour mourir de chagrin de quelque chose, même quand son ancienne amie ne lui eût préféré personne. À la mort de la princesse, M. Fabre eut une jolie collection de tableaux, qu’il eut l’esprit de donner de son vivant à sa ville natale, Montpellier, et il fut honoré comme un dieu par le patriotisme de localité. Il y a quelques années, qu’allant aux forges catalanes des Pyrénées pour les premiers fers que nous ayons vendus en Alger, je vis M. Fabre au milieu de son