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démolir et transporter aux bains des Quinconces.

À chaque instant on est arrêté à Bordeaux par la vue d’une maison magnifique. Quoi de plus heureux que celle du café Montesquieu, sur les Quinconces ? Je voulais citer une maison de la rue des Fossés située à côté d’une rue transversale, mais les rues ici ne portent point leurs noms. Les échevins, fort économes pour ces sortes de dépenses, prétendent que tout le monde connaît les rues.

Tous les premiers étages sont beaux à Bordeaux. La plupart ont douze ou quinze pieds d’élévation et de magnifiques balcons, et la rue a quatre pieds de large. Les corniches, vers le haut des maisons manquent de largeur, ce qui ôte la physionomie et produit un effet mesquin. Leurs ornements, de fort mauvais goût et fort travaillés, donnent de la petitesse, mais si jamais les yeux bordelais voient ces défauts, ils sont faciles à corriger.

Je vais aux Feuillants, église du collège, dans l’espoir de voir le tombeau de Montaigne. Le prêtre qui dessert la chapelle a emporté la clef.

Ce qui frappe le plus le voyageur qui arrive de Paris, c’est la finesse des traits, et surtout la beauté des sourcils des femmes de Bordeaux.