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J’ai vu l’église de Saint-Vincent-de-Paul, moderne et fort plate. Avec la gaîté de ces allées de platanes et les traits fiers et grecs des Marseillaises, il fallait ici un temple antique, ou, du moins, une de ces églises élevées à la façon de Palladio, comme San Fedele de Milan, ou San Nicola di Tolentino à Rome.

La rue Noailles, qui va du cours aux allées de Meilhan, quoique assez étroite, a deux trottoirs, deux ruisseaux ; mais à tout moment, on est obligé de régler son pas sur celui des personnes qui sont devant vous. Cette presse rappelle Paris et la rue Vivienne. Marseille a aussi des cabriolets qui pourraient vous écraser, des omnibus, etc., etc. ; mais le pavé n’y est jamais mouillé, et toujours deux ruisseaux coulent rapidement aux deux côtés de la rue. Beaucoup de maisons ont de petits jardins où il y a de fort grands arbres, ou, au moins, la vue de ces jardins. C’est tout simple ; il s’agit d’une ville non pas bâtie par le hasard et l’intérêt particulier, mais dessinée par la main de la raison vers 1780. Les îles de maisons ont la forme d’une carte à jouer, ou d’un carré et le centre est resté en jardin.

Dans la saison chaude, la porte de la rue reste entr’ouverte, ce qui établit un courant d’air charmant avec le jardin, et,