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petit. Un vieux mur en décadence sépare seul de la mer profonde.

Cette terrasse de la Tourette, où je viens d’être mouillé à fond (mon parapluie ayant été oublié à l’hôtel du Nord à Arles) forme l’extrémité de la vieille ville. La Tourette est en proie au mistral le plus violent (le vent du nord-ouest) et l’on se trouve ici à 20 minutes du théâtre et des beaux quartiers, mais la route naturelle pour s’y rendre est ce joli quai de la Bourse, le plus vivant et le plus gai de France.

Cette terrasse de la Tourette était, je pense, au milieu du Marseille assiégé par César. On suppose que la mer s’est emparée d’une grande partie du sol de cette antique cité. La vieille ville à Marseille, située sur la colline à l’ouest du port, est fort grande, mais l’on n’y va jamais. À chaque pas, grâce au préfet Thibaudeau (l’historien), on y trouve des bornes-fontaines et de petites places remplies par le feuillage de trois ou quatre magnifiques platanes. Cet arbre, à la mode en Grèce, dont le feuillage ne fait pas masse et n’intercepte pas la vue, convient fort bien le long des maisons.

Les rues sont étroites dans cette ville vieille, et, comme elle occupe le sommet et les pentes d’un monticule, il faut sans