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Ce pauvre petit Dominiquin aura trouvé le même sort. À Naples, de nos jours encore, on voit le soleil brûler les magnifiques Canaletto. En revanche, on ne saurait contester l’originalité du Père éternel et la jolie tête de Lanfranc (cet intrigant qui empoisonna la vie du bon Dominiquin).

Ce musée possède un magnifique Pérugin : sainte Anne paraît au-dessus de la Madone qui, assise sur un trône, est sur un autel. L’absence de pensée qui distingue le Pérugin est ici cachée par le nombre des personnages et leur timidité profonde et pieuse. Le nom de chaque saint est placé dans son auréole. Sous le trône de la Vierge, le peintre a écrit son nom en caractères beaucoup trop gros. Les chairs tirent sur le jaune clair, effet du temps. Ce tableau, où l’œil ne perd pas la feuille d’un arbre, a plus de trois siècles.

Le ton général des tableaux de ce maître est couleur d’or. La lumière du soleil passe en se couchant au travers d’un nuage couleur d’orange. Ici ce ton a pâli ; les chairs et les clairs tendent au jaune clair. Le Pérugin, avec sa mine de bonhomme, fut probablement bien jaloux de l’immense succès de son élève Raphaël, et aujourd’hui il ne doit les trois quarts de sa renommée qu’à cet élève. Et Raphaël ne put jamais se guérir complètement de la petitesse