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que le grès de Fontainebleau qu’on emploie à Paris. Les trottoirs sont terminés par les beaux platanes qui sortent des briques, après quoi, vient une bordure de grosses pierres près d’un ruisseau d’eau claire coulant fort vite, comme à Tarbes.

Cet ensemble doit être délicieux en été, dans ce pays de poussière et de lumière éblouissante. Avant-hier, la lumière et le blanc du chemin me firent réellement mal aux yeux en allant de Marseille à Aubagne.

Toulon a plusieurs petites places entièrement remplies par des platanes qui cachent le ciel. Celles-ci abondent en fontaines fort jolies, quoique sans luxe. À l’extrémité de la rue étroite qui aboutit au parc, à côté des fameuses cariatides du Puget, une fontaine, formée par un petit obélisque surmonté de deux têtes fort belles, accolées comme des têtes de Janus, produit un effet remarquable de beau antique.

Je considère longtemps avec respect les deux statues du Puget. Sur le balcon, je lis avec peine la date de 1657, ce me semble. Heureusement il y a deux cents lieues de Paris à Toulon. Il y a loin des cariatides aux sottises que Le Brun allait bientôt étaler à Paris. Guirlande de fleurs réunissant ces deux êtres malheureux au mascaron du milieu du balcon. Ce luxe de