Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/30

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Château-Trompette vers 1815, dirigent les bâtiments de Bordeaux, n’aient pas vu Rome ou seulement Gênes ! Rien dans cette ville ne s’écarte du plat style de Louis XV, importé par le maréchal de Richelieu qui la tyrannisa longtemps. Tous les premiers étages sont beaux et élevés à Bordeaux : voyez la magnifique rue du Chapeau-Rouge. Même au midi de cette rue, c’est-à-dire dans la partie la plus vieille de la ville, les rues sont larges ; souvent elles sont coupées de beaux boulevards ; en général les maisons de ces anciennes rues n’ont pas plus de deux étages, souvent un seul, et enfin presque toutes ces rues sont en pente. Voilà bien des avantages.

Je le dis avec un véritable regret, car j’aime les habitants de Bordeaux et leur vie tout épicurienne et à mille lieues de l’hypocrisie sournoise et ambitieuse de Paris, mais enfin la vérité me crie : Qu’est-ce qu’un écrivain qui ment ? — je le dis donc avec peine : ce théâtre, dont les Bordelais sont si fiers, ne vaut rien comme architecture. Douze colonnes corinthiennes grêles et malheureuses de leur position, soutiennent un énorme entablement surchargé de douze statues ridicules. Dès qu’on s’éloigne un peu, on aperçoit un vilain toit, énorme et lourd. Cela est plus