Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/308

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allait leur dire tout cela, lorsqu’il a été glacé par le ton de tristesse et de pitié profonde de ces messieurs, à propos du nom changé d’un général inconnu. Cette comédie m’a amusé. Un jeune homme de Paris, silencieux et non militaire, cherchait par son grand air à faire apercevoir de son mérite. Il avait le nez très agréablement aquilin, le front de même arrondi et fuyant, vraie figure du siècle de Louis XIV, à laquelle la hauteur semble fort naturelle (le chef d’escadron Guibert dans la fameuse diligence de Tarbes à Auch où l’on dit tant de sottises).

Toutes celles des rues de Toulon qui ne sont pas parallèles au port sont en pente et ont deux ruisseaux qui courent avec une rapidité charmante. De tous côtés, dans les moments de silence, on entend ce gazouillement des eaux vives. Je n’ai pas rencontré une seule voiture. Seulement devant mon hôtel (en province on ne dit jamais auberge) et sous les grands platanes qui me cachent entièrement le premier étage des maisons vis-à-vis, il y a huit ou dix diligences.

Derrière l’Arsenal de terre, sur le rempart, il y a des platanes sur lesquels, à quinze pieds de hauteur, on pourrait établir des salons de vingt personnes comme dans les cafés de Brunswick, Leipsick, etc.