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huit grosses colonnes corinthiennes. Elles sont placées le long du mur demi-circulaire, et séparent les loges qui avancent sur la salle, comme autant de balcons arrondis par les angles. Je n’ai jamais rien vu de plus laid. Cela n’est pas misérable, comme les granges qui servent de salles de spectacle dans plusieurs villes de province, (Grenoble par exemple), cela est sot et donne envie de siffler l’auteur. Les loges du rez-de-chaussée, encore plus ridicules, ont été réduites à une forme honnête, il y a quelques années, lorsqu’on a peint des dieux et des déesses au plafond.

Les nigauderies de détail ne manquent point à cette salle. Des stalles d’orchestre par exemple, on ne voit pas les pieds des danseuses, et cependant ce qu’on aime le mieux à Bordeaux, c’est le ballet.

J’ai été fort sensible à un bon feu qui brillait dans un foyer, d’un aspect fort sale, boisé et la boiserie peinte autrefois en gris. Là se trouve le portrait de Romainville, excellent Crispin qui, en 1784, excitait des transports de joie à Bordeaux.