Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/59

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ver à la Gironde. Je vois une boutique ouverte et demande bien poliment qu’on m’indique le chemin. Il pleuvait de nouveau dans le moment.

Un enfant de dix ans se détache sans rien dire, passe devant moi et me dit : « Venez. » Il me conduit par un détour qui me semble fort long et enfin j’arrive à l’hôtel sur le Parc. J’entre ; l’enfant s’en va ; je suis obligé de lui faire courir après pour lui donner des marques de ma générosité. Sans lui, j’errais peut-être pendant une heure dans ces maudites rues.

Il faudrait le génie d’un grand logicien, chose si rare en France, pour indiquer son chemin à l’étranger qui ne connaît pas une ville. Rien n’est si difficile ; toujours on indique le chemin à l’étranger en nommant des rues qu’il ne connaît pas. Il faut que l’indicateur sorte de ses habitudes et se mette à la place de l’étranger. Je me guide toujours dans le plus petit village par l’étoile polaire, comme un grand géographe, mais ce soir comment trouver l’est où coule la Gironde ? Le ciel était vêtu en Scaramouche.

Je suis reçu par la maîtresse de la maison et ses deux filles qui travaillaient auprès de la cheminée à la lueur d’une chandelle attachée à la tablette de la cheminée par sept à huit petites plaques de