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ÉTUDE SUR DANIEL STERN

phiques et politiques dont l’accès semblait réservé à la vigueur et aux labeurs de l’esprit viril.

Madame Roland, la noble girondine, nous apparaît la première inspirée de cet esprit nouveau qui a fait d’elle une des plus grandes figures de la Révolution. Sa supériorité d’esprit et de caractère, cachée d’abord dans l’ombre du ménage, puis se révélant avec éclat dans les luttes publiques ; son influence discrète, mais constante, sur son mari et sur le groupe de leurs amis politiques ; la périlleuse grandeur d’un rôle qu’elle n’avait point cherché, mais qui semblait lui appartenir par le droit du génie et par celui de l’héroïsme ; son éloquence dont ses contemporains ont témoigné et à laquelle l’accent de sa voix donnait une séduction irrésistible ; l’élévation et la pureté de ses idées révolutionnaires, dont on trouve l’expression dans ses écrits, légués par elle à la postérité comme le testament, tracé au pied de l’échafaud, d’un noble esprit et d’un grand cœur : tout contribue à faire pour nous de madame Roland le symbole de l’avènement de son sexe à une vie nouvelle et à une nouvelle action, qui se développeront et grandiront de plus en plus à mesure que l’esprit de la Révolution prendra sur la société moderne un plus haut empire que lui dispute encore un reste de vieux préjugés et de vieilles mœurs. Il nous semble la voir, au milieu du cercle de ses amis qu’elle tient sous le charme, assister