Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/139

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héros de la Manche. — Ils se ressembloient de manière à s’y tromper. — Je ne me souviens cependant pas d’avoir lu que Rossinante fût poussif. Il jouissoit d’ailleurs d’une prérogative qu’ont presque tous les chevaux espagnols, gros ou petits, gras ou maigres. — Napolitains glapissans ! que ne donneriez-vous pas pour racheter ce privilège ? — Vos voix grêles enchantent, flattent l’oreille, mais laissez paroître au milieu de vous ce nouveau Stentor. — Mesdames ?… Il est inutile que vous parliez… On devine dans vos yeux l’objet de votre choix.

Je sais cependant qu’on a douté que le cheval de Don Quichotte. — Il ne faut souvent qu’une sotte retenue pour faire prendre la plus mauvaise opinion de soi ; et la sienne étoit extrême. — Mais l’aventure des voituriers Ganguésiens prouve, et de reste, qu’elle ne venoit pas d’une cause sinistre. Sa continence étoit une vertu de tempérament. — Et permettez-moi de vous le dire, ma belle dame, vous savez aussi bien que moi, que s’il y a des personnes dans le monde qui se vantent d’avoir de la pudicité, elles n’ont guère de meilleure raison à en donner que celle-là.

Mais : —