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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/207

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d’une culotte de peluche noire qu’il avoit mise le matin.

Que font-ils, répéta mon père ? À peine nous pouvons-nous entendre.

Je crois, dit mon oncle Tobie, en ôtant sa pipe de sa bouche, et en la frappant deux ou trois fois sur l’ongle de son pouce gauche, pour en faire tomber les cendres ; je crois que… Mais j’y songe. — On ne connoît encore mon oncle, M. Tobie Shandy, que par son nom ; il n’est pas moins essentiel, pour bien comprendre ce qu’il peut avoir à répondre à mon père, de le connoître par son caractère. — Je vais donc, monsieur, vous en donner au moins une idée superficielle. Ses dialogues avec mon père y gagneront beaucoup.

J’écris si vîte ! — j’ai si peu le temps de me souvenir, ou de chercher des noms, que je ne me rappelle point du tout comment se nommoit celui qui le premier observa que l’air et le climat de l’Angleterre étoient extrêmement variés. — L’observation étoit vraie. On en a conclu que cette variété étoit la cause de cette multitude de caractères bizarres et fantasques que l’on trouve parmi nous ; mais ce corollaire n’est pas de la même personne. Il a fallu un siècle et demi à la nature pour produire un autre génie qui en fît la décou-