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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/23

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veau, dans l’idée qu’il trouveroit quelque chose d’extraordinaire dans sa configuration. C’est un conte fait à plaisir.

Sterne s’est bien peint lui-même sous le nom d’Yorick, dans le premier volume de son Tristram Shandy.

Voltaire dit de cet ouvrage dans ses questions sur l’encyclopédie, qu’il ressemble à ces petites satires de l’antiquité, qui renfermoient des essences précieuses. Il en traduit lui-même deux ou trois passages, et dit du tout, que ce sont des peintures supérieures à celles de Rembrandt, et aux crayons de Calot.

C’est sur le mot conscience que Voltaire en fait cet éloge ; il faut croire qu’il a dit ce qu’il pensoit. L’auteur, selon lui, est le second Rabelais d’Angleterre.

Sterne s’étoit en effet nourri des écrits du curé de Meudon, qu’il n’a point imité dans ses licences. C’est toujours décemment qu’il peint les objets, il est difficile d’y mettre plus d’esprit, plus de finesse, et la gaieté en est l’ame.

Cet homme singulier est mort comme il avoit vécu, avec la même indifférence et la même insouciance, sans paroître en rien affecté de sa prochaine dissolution, même vingt-quatre heures avant sa fin. Son décès fut annoncé dans les journaux du 22 mars 1768, par un de ses amis, de la manière suivante :

En son logis, dans Bond-Street, est mort le rév. Sterne.

Hélas ! pauvre Yorick ! je l’ai bien connu ;