MÉMOIRES
DE
STERNE.
Si le lecteur est curieux de connoître l’origine d’un pareil ouvrage, la voici :
En feuilletant mes manuscrits, j’y trouve que j’eus quelque envie jadis d’écrire mes mémoires.
Je me mis, en effet, à l’ouvrage avec l’intention la plus sérieuse et la plus stupide possible ; mais tout-à-coup le fantôme de l’imagination, et le phosphore de l’esprit brillèrent à ma vue, m’éblouirent et m’entraînèrent à travers les haies et les fossés, les ronces, les fondrières et les sables arides, pendant le cours de quatre volumes, avant que je me fusse avisé de me mettre au monde. Oui, la majeure partie de mon ouvrage étoit dépensée avant l’époque de ma naissance. Ah ! je le connoissois trop, ce monde, pour être tant désireux d’y arriver.
La bisarrerie et la nouveauté des premiers