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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/274

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pas à pas, et en tortillant à travers la boue, sur les vertèbres d’un assez joli petit bidet, mais qui à peine avoit la force de mettre les jambes l’une devant l’autre sous un tel fardeau. — Encore si le chemin avoit été praticable pour aller à l’amble ! Mais il ne l’étoit pas. Cependant Obadiah, juché sur le gros cheval de carrosse, et piquant de l’éperon, bravoit les fondrières, et couroit à toute bride au grand galop…

Un moment, je vous prie, ceci mérite une description réfléchie.

Le docteur Slop, en apercevant de très-loin Obadiah qui couroit de toute force dans le même sentier, en faisant jaillir de tous côtés la boue en forme de tourbillon, n’auroit peut-être pas eu plus de peur de la plus maligne comète de M. Winston, que de le rencontrer. — Pour ne rien dire du choc du cheval et du cavalier, les seules flaques de boue liquide auroient pu emporter, sinon le docteur lui-même, au moins le bidet du docteur. — C’est ainsi qu’il auroit jugé du phénomène qui lui auroit frappé la vue. — Mais quelle ne dut point être la terreur et l’hydrophobie du docteur Slop, quand, tout-à-coup, lorsque n’étant pas à cinquante toises de Shandy, et presqu’à l’encoignure d’un