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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/307

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mécaniquement le poids qu’on lui destine et le porter. —

Je recommande ceci aux peintres. — Dois-je ajouter aux orateurs ? Je ne le crois pas. S’ils parlent debout et qu’ils ne suivent pas cette règle, ils doivent tomber sur le nez ; c’est un assez bon avis.

Mais en voilà bien assez aussi sur les pieds, le corps et les jambes du caporal Trim. — Il tenoit son sermon avec légèreté, sans négligence. C’est un soin qu’il avoit confié à sa main gauche, tandis que son bras droit tomboit négligemment le long de son côté, selon les lois de la nature et de la gravité ; et il faut remarquer que cette main étoit ouverte, tournée vers ses auditeurs, et prête, au besoin, à aider le sentiment.

Les yeux et les muscles de tout le visage du caporal étoient dans une parfaite harmonie avec tout le reste de son individu, l’air libre, sans gêne, sans contrainte, le regard assuré, mais sans effronterie. —

Que les critiques ne me demandent point comment le caporal Trim vint à bout de se tenir ainsi ; j’ai déjà prévenu que je l’expliquerois. C’est assez de savoir, maintenant, qu’il se tint de cette façon devant mon père, devant mon oncle Tobie, et devant le doc-