Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/314

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CHAPITRE XLVII.

Trim reprend sa lecture.


Imprimé ? dit mon père, non ! Mais Trim, ajouta-t-il, continue, et Trim continua.

« Le cas, reprit-il gravement, peut paroître tel. La connoissance du bien et du mal est vivement imprimée sur l’esprit de l’homme. Si sa conscience ; comme le dit l’écriture, ne s’endurcissoit pas peu-à-peu par une longue habitude du péché, comme certaines parties du corps s’endurcissent par l’exercice d’un travail assidu ; si elle ne perdoit pas, par-là, ce sentiment vif, cette perception fine et délicate qu’elle tient et de Dieu et de la nature… si cela n’arrivoit jamais,… ou s’il étoit certain que l’amour-propre et l’orgueil ne fissent jamais chanceler notre jugement ; si le vil intérêt qui répand si souvent des nuages obscurs et ténébreux sur notre esprit, n’en enveloppoit point les facultés ; si la faveur, l’amour, l’amitié, la prévention ne dictoient pas nos décisions ; si les présens ne nous corrompoient pas ; si l’esprit ne devenoit jamais l’apologiste d’une jouissance injuste ; si l’intérêt gardoit toujours un profond