Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

convaincu que le prédicateur n’a point insulté saint Paul, et que l’apôtre et lui sont parfaitement d’accord. — Frère Tobie, il n’y a véritablement point de différence entre eux. — Mais quand il y en auroit, répondit mon oncle Tobie, qu’importe ? Les meilleurs amis du monde ont quelquefois une façon de penser toute différente. — Tu as raison, frère Tobie, reprit mon père, en lui donnant la main. Mais, frère, remplis ta pipe, et moi la mienne, et Trim continuera ensuite sa lecture.

Eh bien ! Trim, dit mon père, en remplissant sa pipe, que penses-tu du sermon ?

Moi ? ma foi, je pense, dit le caporal, que ces sept hommes qui sont au haut de la tour, et qu’on a mis là en sentinelle, sont en bien plus grand nombre qu’il ne faut. — Si on continuoit d’en mettre autant au même endroit, ce seroit harasser, à propos de rien, un régiment tout entier, et un officier qui aime sa troupe ne la fatigue pas. Deux sentinelles font tout aussi bien que vingt. — J’ai cent fois commandé moi-même dans le corps-de-garde, ajouta Trim, en prenant un pouce de plus de hauteur, et je n’ai jamais laissé plus de deux sentinelles à tous les postes que j’ai relevés. — C’étoit fort bien, Trim, dit