Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/335

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Ah ! s’écria Trim, du ton le plus plaintif : c’est mon frère ; c’est mon malheureux frère Thomas ! — Et laissant tomber involontairement le sermon pour joindre ses mains : Ah ! messieurs, je crains que ce ne soit mon pauvre frère !… — Mon père, mon oncle Tobie, et même le docteur Slop qui ne s’attendrissoit pas facilement, furent vivement émus de la douleur de Trim. — Trim, dit mon père, ce n’est pas ici une relation historique que tu lis, c’est un sermon. Reprends mon enfant, reprends-en la dernière phrase.

« Voyez le corps de ce misérable épuisé par la faim et la douleur. C’est une victime qu’on va livrer aux bourreaux. —

» Observez le mouvement de ce terrible instrument ; — voyez comment on l’étend. Quels tourmens ! Ses nerfs et ses muscles se tordent ; les convulsions de la mort la plus douloureuse sillonnent son visage de mille manières : c’est tout ce que la nature peut souffrir… Son ame arrachée de ses plus profondes retraites, est déjà sur ses lèvres prête à partir. » — Par le ciel ! s’écria Trim, je n’en lirois pas davantage pour l’empire du monde ! Ces horreurs s’épuisent, peut-être en ce moment,