Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/356

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

point. — Non, point. C’étoit un rechercheur raffiné qui ne se laissoit point séduire par les notions les plus communément reçues. Il les traitoit même assez mal ; il prétendoit que c’étoit presque autant d’impostures. On l’entendoit souvent dire que le point scientifique qui conduisoit à la connoissance exacte des choses, devoit être presque invisible, et que sans cela les minuties de la philosophie, qui devoient toujours emporter la balance, n’auroient presque aucun poids. — La connoissance, disoit-il, est comme la matière qui est divisible à l’infini. Un grain, une dragme fait tout aussi-bien partie de la matière, que le poids de tout le globe terrestre. — En un mot, une erreur est toujours une erreur ; il n’importe où elle se trouve, que ce soit dans une fraction ou dans un quintal. Elle est également fatale à la vérité. — La vérité est aussi lézée par l’erreur où l’on est sur l’aile d’un papillon, que par celle que l’on fait en raisonnant sur le disque du soleil, de la lune et de toutes les étoiles. —

Il se plaignoit que les affaires de ce monde alloient de mal en pis, précisément parce qu’on négligeoit de faire cette considération, et qu’on négligeoit encore plus d’en faire l’application aux affaires civiles et aux vérités