Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/377

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gardé un plus profond silence. — Il y avoit déjà quatre minutes et demie qu’il n’avoit parlé. La cinquième eût été fatale… mon père vit le danger. Jamais conversation n’avoit été plus intéressante. — Il ne s’agissoit rien moins que de savoir si l’enfant de ses prières et de ses efforts naîtroit avec une tête ou sans tête. — Il attendoit que le docteur Slop, en faveur de qui étoit le souhait de mon oncle Tobie, profitât du dernier moment qui lui restoit, pour user de son droit de représailles, et de le payer par un autre. Mais quand il vit sa confusion, et qu’il s’aperçut qu’il continuoit de regarder avec cette perplexité vague qui annonce l’embarras, l’étonnement et la surprise de l’ame, et que ses yeux se fixoient tantôt sur mon oncle Tobie, tantôt sur lui-même ; qu’ils s’élevoient, s’abaissoient, qu’ils erroient le long de la corniche de la boiserie, et parcouroient de l’est à l’ouest, et du nord au midi, tous les points opposés du compas… enfin, quand mon père vit qu’il commençoit à compter les vieux clous dorés ou dédorés qui étoient sur les bras de son fauteuil, mon père jugea qu’il n’y avoit pas un moment à perdre, et il reprit lui-même le discours.