Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/385

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portun qui bourdonnoit autour de son nez pendant le dîner… Il ouvrit doucement la fenêtre : « Va, va-t-en pauvre diable ! dit il, va, pourquoi te ferois-je du mal ? ce monde est assez grand pour toi et pour moi. »

Je remarque cependant une chose : le moucheron avoit des ailes ; bien lui en prit.



CHAPITRE XVI.

Le pauvre bonhomme !


Hélas ! madame, tout homme qui auroit vu le prodigieux épanchement de couleur qui se fit sur le visage de mon père, lorsque mon oncle Tobie sonna Trim ; et je vous assure (pittoresquement et scientificalement parlant) qu’il le fit rougir de six teintes et demie, si ce n’est même de l’octave entière au-dessus de son ton naturel ; qui l’auroit vu, dis-je dans ce moment, et qui, en même-temps, auroit observé le froncement de ses sourcils, et la contorsion ridicule et extravagante de tout son corps, se seroit, je crois, imaginé qu’il étoit atteint de quelque accès de rage. — Il n’y avoit que mon oncle Tobie seul qui ne pouvoit pas s’y méprendre. — Un autre, pour peu qu’il eût aimé ces espèces d’accords