Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/41

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Dieu les prenne sous sa protection, dans cette épreuve périlleuse ; et qu’il nous envoie une quantité de duègnes, pour épier leur température, jusqu’à ce qu’elles aient gagné, saines et sauves, les bords de mon dernier volume ! Si cela ne suffit pas, que sa bonté nous gratine d’un bon nombre de Sangrados, qui versent l’eau froide à pleines cruches, jusqu’à ce que la fermentation soit passée !

Quand vous parlez de mes intérêts pécuniaires : vous me supposez sûrement bien pauvre et bien endetté. Je remercie le ciel de ce que je ne le suis pas davantage, et de ce qu’il m’en reste assez pour avoir, chaque jour, une chemise blanche, une jate de lait et la paix. Avec cela, il m’est impossible de désirer un état plus brillant, et les faveurs de la fortune. Malédiction sur elle ! je n’envie pas la posture de l’homme vil qui s’agenouille dans la boue pour l’adorer.

Quels que soient, au reste, les succès que je me suis promis, en me faisant auteur, je proteste d’abord que mon but est honnête, et que j’écris plus pour la gloire que pour le gain. On ne m’humiliera pas par des critiques injustes : car on n’humilie pas un auteur, quand on veut.

On rendroit, dites-vous, mon livre meilleur