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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/418

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CHAPITRE XXVI.

Ma manière de voir.


Oh ! dites-moi, mes chers compatriotes, grands ou petits, jeunes ou vieux, dites-moi, s’il nous sied bien maintenant de nous donner des airs de triomphe ?… Je sais que le plus beau privilège d’un peuple libre est de faire tout ce qu’il veut. C’est pourquoi sans doute il n’y a point de peuple sur la terre qui jure plus cordialement et plus lestement que nous. Les filles, les femmes, les veuves, et ces espèces d’êtres qui ne sont ni filles, ni femmes, ni veuves, et font une classe à part, moins nombreuse en apparence qu’elle ne l’est réellement, tout s’en mêle. Mais, en conscience, pouvons-nous bien nous en glorifier ? Est-ce là un fonds qui nous soit propre ? Vous voyez le contraire. Nous ne sommes que des imitateurs. Il ne faut pas toujours s’imaginer qu’on a eu l’esprit d’inventer une chose, parce qu’on a l’esprit de la faire. —

C’est ce que je veux entreprendre de prouver en ce moment à tout l’univers, excepté les connoisseurs. — Ces messieurs sont si entou-