Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/428

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



CHAPITRE XXIX.

Dissertation sur l’Éloquence.


Mais à quoi ?…

Que les longues mantes des anciens étoient favorables, et que nos orateurs doivent bien en regretter le costume ! Tout a dégénéré. Sans cela l’éloquence seroit tout aussi florissante parmi nous, qu’elle l’étoit à Athènes et à Rome… C’en étoit un trait singulier que de ne point nommer la chose dont on parloit, lorsqu’elle étoit près de vous in petto, et que vous pouviez physiquement la produire à point nommé dans l’endroit où vous en aviez besoin. Une hache ébréchée..... une épée cassée, un vieux pourpoint déchiré… un casque rouillé… une livre et demie de cendres dans une urne… Et surtout quelque jeune enfant magnifiquement équippé… Oh ! représentez-vous maintenant un orateur sublime qui a si adroitement caché son bambino dans sa robe, que personne ne s’en est aperçu, et qui le montre si à propos, que qui que ce soit ne peut dire qu’il sort de sa tête ou de ses oreilles… Ah ! monsieur, quel effet ! Les digues se rompent, le torrent s’écoule ;