Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/454

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Suidas appelle induction dialectique, que je soutiens ici que mon opinion est la plus vraie.

Oui, celui dont la sagesse infinie distribue chaque chose avec des poids et des mesures si justes, sait à merveille ce qu’il doit nous départir de ces deux grands luminaires, pour nous éclairer dans cette nuit d’obscurité qui nous environne. Il sait combien il en faut faire tomber de rayons sur nous. C’est pour cela, mes bons amis, (mais quand je voudrois vous le cacher, ne le voyez-vous pas), oui, c’est pour cela que ce désir vif, que ce souhait véhément que j’ai fait en votre faveur, n’étoit pas autre chose que les premières caresses insinuantes d’un écrivain, qui, à force de bienveillance, veut se captiver ses lecteurs revêches ; à-peu-près comme un amant, qui, par ses cajoleries, veut, dans le silence, enjôler sa mijaurée de maîtresse.

Mais hélas ! cette effusion de lumière se répandra-t-elle sur nous aussi promptement que je l’ai désiré ! Je frissonne de crainte, quand je pense combien de milliers de voyageurs s’embarquent sans guide sur la route des sciences.

Les uns, surpris par la nuit, tâtonnent sans avancer.