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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/493

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Je ne conçois encore rien à tout cela.

Comment, monsieur, répliqua ma bisaïeule, vous ne saviez pas que vous n’aviez point ou presque point de nez ?

Et que n’y regardiez-vous ? avois-je un masque qui vous empêchât de me voir ?…

Non : mais je m’entends.



CHAPITRE LV.

La définition.


Un nez est un nez, cela est certain. Mais on se méprend souvent sur les choses les plus évidentes ; et ce que je rapporte ici de ma bisaïeule, le prouve assez. Je n’aime pas les équivoques. Aussi ne ferai-je pas une ligne de plus que je n’aie expliqué et défini, avec la plus exacte précision, ce que j’entends par l’objet dont je parle. Je suis d’opinion que c’est à la négligence des écrivains, sur un point aussi essentiel, que l’on doit tous ces écrits de haine qui ont signalé dans tous les temps les querelles des scholiastes, des philosophes et autres gens de cette trempe. Le même mot les a mis aux prises, et ils se sont fait une guerre de fiel et d’injures sur la manière de l’entendre. Mais quand on a