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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/557

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Hélas ! s’écria mon oncle Tobie, en levant les mains au ciel, c’est par le secours du seigneur Dieu tout-puissant. Ce n’est pas notre propre force qui nous soutient, c’est sa main divine. Oh ! mon frère ! c’est le plus grand, c’est le meilleur des êtres. C’est lui qui nous défend, qui nous conserve.

Voilà, dit mon père, ce qui s’appelle couper le nœud ; je veux, au contraire, que vous le dénouyiez. Écoutez : je vais vous conduire dans ces profondeurs mystérieuses.

Soit, dit mon oncle.

Alors mon père changea d’attitude, et prit celle que Raphaël donne à Socrate au milieu de l’école d’Athènes. Elle est si bien imaginée, si vraie, que les spectateurs croient deviner ce que dit le philosophe. L’index de sa main gauche, placé entre le pouce et l’index de sa main droite, indique effectivement tout ce que disoit l’orateur. On croit l’entendre. Vous convenez de cela ?… de ceci ?… de ceci encore ?… Je n’ai pas besoin de vous observer… Cela vous paraît clair ?… Donc… etc.

Oh ! Garrick, quelle scène tu ferois de ce passage, si tu avois vu mon père ainsi placé vis-à-vis de mon oncle Tobie.