Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/580

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sur les boutonnières. Je serois plus sûr du succès.

Les boutonnières ! la jolie chose ! cela est ci plaisant, madame ! cela fait naître des idées si riantes ! si agréables !… Farouches critiques ! austères dévotes !… vos fronts se dérideraient à la lecture de ce que je pourrois écrire sur ce joyeux sujet.

Mais le sommeil ! le sommeil ! hélas ! qu’en dirois-je ?… Je n’en sais rien.

Vous chanterais-je d’un ton lamentable qu’il est le refuge des malheureux, la liberté de celui qui gémit dans les cachots, l’espoir des gens désespérés, le soulagement des ames affaissées ? etc., etc.

Une aussi longue jérémiade accablerait d’ennui.

« Dieu soit avec celui qui, le premier, inventa le sommeil, disoit Sancho Pança ! il couvre un homme comme un manteau. »

Ma foi ! je m’en tiendrai là. Le gouverneur de l’île de Barataria m’en dit tout autant, et peut-être plus dans cette courte exclamation, que je n’en trouverais dans les écrits de nos plus fameux philosophes. J’en connois un, par exemple, dont la plume infatigable s’est exercée sur ce sujet dans un savant traité ad hoc. Il est professeur, académicien,