Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/609

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autres convives qui étoient précisément de mon acabit. Ils ne s’attachèrent qu’au sens exactement grammatical de l’expression, et crurent concevoir que Phutatorius, qui étoit naturellement colère, se préparoit à arracher les armes de la main de Didius, pour faire tête lui-même à Yorick, et que le terrible mot étoit l’exorde d’un discours qui ne présageoit rien de bon.

Mon oncle Tobie fut de la même opinion, et son ame sensible sentit d’avance le coup que l’on alloit porter à Yorick.

Mais Phutatorius s’en tenoit simplement à son exclamation… Cela fit penser à deux autres convives, que ce mot n’étoit que l’effet d’une respiration involontaire, dont le souffle contraint en passant par les organes de certaines personnes, prend la consistance sonore d’un jurement assez peu décent… Ils ne pensèrent pas même que Phutatorius eût conçu le moindre dessein de scandaliser ou d’attaquer quelqu’un.

Oh ! oh ! ceci est sérieux, disoient en eux-mêmes deux autres personnages. Voilà un jurement dans toutes les formes. Il est prémédité. C’est une première insulte, une flèche aiguë lancée contre l’ennemi.

Mon père eut aussi son opinion. Il lui sem-