Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/94

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cité, à la tendresse de ces reproches. Il y règne quelque chose de si affectueux, de si noble et de si sublime qu’on peut défier les plus grands orateurs de l’antiquité, de rien produire de semblable.

Ces observations sur la supériorité des écrivains inspirés, comme écrivains, sont encore vraies si on les considère comme historiens. D’abord, les histoires profanes ne nous apprennent que des événemens temporels, si remplis d’incertitudes et de contradictions que l’on est bien embarrassé d’y trouver la vérité.

Tandis que l’histoire sacrée est celle de Dieu même, de sa toute-puissance, de sa sagesse infinie, de sa providence universelle, de sa justice, de sa bonté, et de tous ses autres attributs. Ils y sont déployés sous mille formes, et dans une série d’événemens variés, miraculeux, et tels qu’aucune nation n’en eut de semblables. N’insistons plus sur la supériorité de l’écriture en ce sens.

Elle est encore douée d’un avantage, auquel les historiens profanes n’arrivent pas, et qui distingue seul les siens ; c’est la manière simple et sans affectation avec laquelle les faits y sont racontés : en voici quelques exemples. Lorsque Joseph se fait connoître, et qu’il pleure sur la tête de son frère Benjamin,