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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/105

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frère, permettez-lui d’entrer. — De tout mon cœur, dit mon père. »

Trim entra droit et heureux comme un empereur ; et quand il eut fermé la porte, Yorick tira son livre de la poche droite de son habit, commença sa lecture, et l’acheva sans être interrompu. — Tout le monde dormit dès la dixième ligne.



CHAPITRE XXXI.

La Tristrapédie.


« Le premier devoir d’un écrivain, Yorick, dit mon père quand il fut réveillé, c’est de ne rien avancer sans preuve ; — autrement, et s’il se livre à tous les écarts de son imagination, son ouvrage ne sera qu’un amas bizarre de faits et d’idées sans liaison, dont l’assemblage sera monstrueux.

» Mais dans ma Tristrapédie ! — je pose en fait que je n’ai pas avancé un seul mot qui ne soit aussi clair et aussi démontré qu’une proposition d’Euclide. — Va, Trim, va me chercher ce livre sur mon bureau. — J’ai souvent eu le projet, continua mon père, de le lire, tant à vous, Yorick, qu’à mon frère Tobie ; et je crains même d’avoir